elle a ce regard un peu vide.
celui qui veut dire : j'ai besoin d'aide, j'ai besoin d'air.
un air neutre sur son visage enfantin.
c'est un être amer, un être dépourvu d'âme.
elle a l'impression qu'une bête féroce s'est caché au fond de son cœur et sort les griffes pour en sortir.
elle a mal.
elle est là, mais elle est las.
est-ce cela dont beaucoup souffrent ? La solitude ?
elle reste là sans un mot.
elle reste là avec ses maux.
c'est pour cela qu'elle est là, dehors, assise.
seule.
c'est pour cela que ses mains tremblent.
elle a besoin de voir le malheur du monde, autre chose que le visage de la cruauté avec laquelle elle vit.
elle est silencieuse.
envieuse des visages pétillants.
ses doigts, accrochés à un livre, se mouvant dans une danse sublime, tournent les pages.
ses yeux parcourent les mots, elle scrute chaque ligne, chaque lettre, elle veut en comprendre le sens.
pour comprendre tout le reste.
pour comprendre ce que c'est que de vivre.
au fond, c'est beau la vie, non ?
elle ne sait pas, elle n'y a pas encore goûté.
le thé près d'elle refroidit pendant que les aiguilles de sa montre tournent.
depuis combien de temps est-elle ici ? Quelle question.
cela n'a aucune importance.
elle sait qu'en rentrant, elle va aller mal.
car il sera là, posé, à l'attendre.
il sera violent, puis doux.
il sera l'amant, puis le voyou.
un bourreau.
et elle, qui est-elle ?
personne.
pourtant, elle ne s'en plaint pas.
surtout lorsqu'une silhouette familière apparaît.
néréa, elle l'aime tant.
c'est si bon de voir dans les yeux d'une personne, qu'elle ne nous juge pas.
vous ne trouvez pas ?