HIGH HOPE.

Invité

néréa se laisse porter
par le vent,
elle est un peu la fille de personne,
le flocon de neige qui traine,
ici et là,
mais surtout là-bas,
en passant par quelque part.
et de la ville,
elle se perd sur la digue.
voir la mer s'écraser sur le sable,
à l'abris de la tempête.
elle marche,
un, deux et trois,
elle marche jusqu'à la calle,
un petit coin de paradis,
et comme alice tombé dans un terrier,
elle a découvert par hasard,
ce petit endroit.
elle y a déposé,
parmi les babioles,
quelques cadeaux offert,
par un soleil d'automne.
il est comme une feuille qui tombe d'un arbre,
elle la ramasse pour ne pas qu'il se fasse mal.
et puis, dans ses mains,
un trésor,
fait des ses mains de glaces,
un bateau un peu bancal,
un peu maladroit,
pas très beau.
elle a voulu faire plaisir,
à son petit soleil d'automne.
comme une petite pierre précieuse,
elle garde son présent au creux de ses mains.
et au fond de la calle,
de ce bateau vieux comme le monde,
elle entend des pas.
elle les connait,
et sur ses lèvres,
entre coupé de tendresse,
s'esquisse un sourire.
ses yeux se posent sur le soleil,
sans qu'elle se brûle les yeux.
elle tend ses mains en douceur,
pour ne pas que son précieux tombe.
à hauteur de son soleil,
elle ouvre ses mains,
laissant voir le bateau un peu bancal,
pas très beau,
pas très solide,
mais porteur d'espoir.
tiens oli,
je l'ai fait pour toi.

Invité

il se souvient de son corps se mêlant à la danse du vent, de ses cheveux balayant son visage et de son rire enfantin. il se souvient de ses yeux-étoiles et de son grain de beauté. regardez comme elle est belle. elle, elle.
à bout de souffle, ici, sur la digue
la digue, escalier pour les profondeurs. les ténèbres de l'océan mer, celui qui effraie, celui qui le fait trembler. oli boit la tasse
oli se noit
la digue, les marches vers le reflet du ciel
la digue vers la
la digue vers
la digue
- tiens oli, je l'ai fait pour toi.
la minette, la voix fluette. celle qui le tire de ses pensées, celle qui le fait doucement rêver. dans ses mains, un bateau. un mât légèrement penché, une coupe joliment dessinée. un sourire sur ses lèvres, oli embrasse la joue de la demoiselle. sa peau avait un goût salé, le parfum d'une rose, couleur neige.
- je le trouve superbe.
aussi superbe qu'elle dans ses rêves, ceux peut-être trop oubliés, rêves abandonnés.
- viens
qu'il dit et lui prend la main.
alors viens j't'emmène au vent
viens j't'emmène décrocher la lune
faire flotter nos bateaux
les voir couler, s'élever.
ses yeux croisent ceux du flocon blanc, pourtant bleus, aussi bleus que l'océan mer;
- il voguera sûrement très loin
comme tous les autres.
(je te le promets)

Invité

de son petit trésor,
elle ne sait pas si elle doit en être fière,
de ses petites mains de cotons,
elle a essayé de faire quelque chose d'aussi beau,
que le cadeau coloré de son Oli.
si sa voix est fluette,
la sienne est roque.
celle d'un homme en devenir.
elle apprécie la douceur qu'il se cache derrière,
elle aime la chercher.
et à son compliment,
sur son bateau bancale,
pas très beau,
elle laisse ses lèvres,
prendre la forme d'un sourire,
entre la tendresse et le merci
- c'est pas grand chose.
c'est pas grand chose,
un petit cadeau,
une petite lueur dans la mer.
mais ses lèvres ne se desserrent pas,
quand il l'incite au voyage,
elle attrape sa main,
elle s'accroche,
à la couleur pâle,
comme pour ne pas tomber.
il est son soleil,
une étoile en plein jour.
mais au fond de la calle,
entre deux couvertures qui servent de lit,
elle y dépose l'espoir,
de couleur verte.
et si la mer l'attire,
il y a les vagues dans ceux d'Oli.
tumultueuses et violentes,
qu'elle cherche à se noyer.
et si le bateau voguera loin,
elle ne veut pas que le sien fait naufrage,
car sa vie reste un naufrage.
et dans sa promesse d'aller au plus loin,
elle esquisse un sourire,
quelque chose timide,
de fragile,
d'un peu perdue.
sa voix se fait douce,
presqu'inaudible.
- on ira aussi loin que lui,
au delà de l'horizon ?
elle ne quitte pas l'océan,
qu'elle trouve dans ses yeux.

Invité

c'est pas grand chose qu'elle dit et pourtant, c'est beaucoup. beaucoup trop, comme un coeur plein d'amour, comme une tête pleine de
comme un corps si
sa main attrape la sienne;
l'agréable sensation.
- on ira aussi loin que lui, au-delà de l'horizon ?
l'horizon d'oli n'était pas si joli, à lui. avec le temps, il est devenu trop gris. les bateaux sont partis et puis, il s'est noirci. son regard s'y perd - dans les nuages, sa tempête. au loin, les éclairs. au loin, la colère. au loin, l'absence et puis, la solitude. t'inquiète pas, tu la reverras - qu'il se disait. pourquoi tu t'embêtes à essayer de la chercher au loin ? - qu'il se demandait.
- bien-sûr, néréa.
bien-sûr qu'on ira. on ira se perdre dans un monde nouveau, un nouveau soleil, où l'on emportera bateaux bancals,
bateaux trop beaux.
- main dans la main.
les doigts s'entremêlent, les regards s'évitent, le sourire aux lèvres.
- néréa, qu'est-ce qu'il y a après l'horizon ?
j'ai si peur de m'y perdre - encore une fois. guide-moi dans ce noir trop noir, illumine mon chemin. la bougie, ma flamme. éblouis,
je t'en supplie.

Invité

on ira, tu crois ? voguer dans les grands eux, essayer de nager à contre courant ? tu sais, parfois, j'ai peur. j'ai peur, Oli. de mourir. parfois j'ai peur, peur de tomber, de trop haut. j'suis comme une horloge qu'on a monté à l'envers. et l'horizon, je la vois pas, moi. je la vois pas.
tu me le promets ?
tu lui promets, oli ?
qu'à chaque battement d'elle,
tu rattraperas les morceaux à l'horizon ?
qu'à chaque envol de corbeau,
tu chercheras le plus clair ?
elle veut voguer,
entre deux océan de larmes.
comme une fée qui cherche à voler,
alors qu'on lui a pris ses ailes.
néréa, elle sait pas,
elle sait plus.
elle a une boule d'espoir,
au fond de son coeur.
mais sous les arcades,
sous les ponts,
il n'y a qu'un nuage,
assez grand pour qu'elle se perde.
main dans la main
qu'elle répète.
parce qu'elle veut se dire que c'est réel,
elle veut apprendre à voler,
dans les mots de son soleil.
le capitaine de son bateau.
elle n'espère plus, elle n'espère pas. elle ne croit en rien, même pas en elle. elle a perdu ses ailes, tu les retrouveras, Oli ? tu les retrouveras, pour ne pas qu'elle se meurt ? tu sais, il faut faire attention. juste un peu, elle demande pas beaucoup.
je crois qu'il y a un monde différent, comme si on allait ailleurs. je crois qu'il y a l'amour, je crois qu'il y a l'espoir. comme ici. je crois que là-bas, il n'y a pas ce qu'il y a ici. il y a ce que tu cherches, ce qu'on cherche. il y a quelque chose d'effrayant. je crois qu'après l'horizon, il y a des petites flammes à sauver.